Long périple, hein... Et quand je vois cela, je me dis que ce n'était qu'un sentier menant à la route.
Assis sur un rocher, le jeune Zoraï exhala un léger soupir, détournant son regard du continent immense qui s'ouvrait devant lui, pour le poser sur l'étrange petit personnage se tenant non loin à le couver d'immenses yeux ambre.
Mmh, j'ai un souhait à énoncer maintenant, kami.
Jusqu'aussi loin que remonte ma mémoire, tu étais là. Tu as veillé mes premières heures, tu m'as observé au berceau.
Tu as vu ma mère, mon père peut-être, chance que je n'ai pas eu. Tu sais d'où je viens, qui je suis, choses que j'ignore. Peut-être même est-ce toi qui guida la pauvre femme, car je l'imagine au desespoir pour m'avoir ainsi donné, vers les braves gens qui m'ont élevé.
Braves, ils l'étaient en vérité, je n'étais pas un enfant facile et tu le sais. Mes premières jeux, tu en étais le compagnon, mes premières farces le spectateur... Mes premières bêtises le confident.
Tu ne m'as jamais offert un mot, un geste...
Jamais rien de plus que ton regard, et moi je t'ai tout dit. J'ai appris à parler les mots que j'aime tant aujourd'hui avec un esprit muet, je lui ai ouvert mon coeur, ne lui ai jamais rien caché.
Enfant, puis jeune garçon, puis adolescent... Et me voilà presque un homin à présent.
J'ai quitté mon monde de confort et de perte, je me suis réfugié dans une errance un peu folle. Ce n'était pas très sérieux, mais tu me connais.
Maintenant vois...
Je vais m'en aller par là.
Je n'oublierai pas, tu sais... Je connais ma place, enfin je crois, et elle est pour ce que tu incarnes.
Oh, je n'ai rien d'un illuminé, mais tu ne m'en veux pas. Je n'aime pas cette idée, mais tu le sais bien. Je ne veux pas m'eveiller, je ne veux pas comprendre... Je veux douter, rêver.
C'est un peu léger ? Et bien soit.
Cela me suffira, s'il te plait, et tu n'y es pas étranger.
Mais maintenant, je souhaite continuer seul.
Je vais te chercher, hein... Derrière chaque rocher, sur chaque branche d'arbre. Chaque petit bruit dans les fourrés me dira que tu étais là...
Tu va me manquer...
Seulement... Seulement, je dois poursuivre comme ça, tu sais...
Je ne veux pas trop croire, juste encore un peu douter...
Et puis, je garderai ce que tu m'as donné. Un nom.
Ari'toi-même, Syloenn...
Dans la voix du jeune Zoraï se devine un sourire que son masque ne peut dessiner. Il se lève lentement, tout en angles et aussi sec qu'un arbre mort. Un dernier regard vers le petit esprit, là-bas, qui n'a pas bougé.
Syloenn se détourne lentement, et puis s'en va vers le chemin, là-bas.
Ven 19 Jan - 0:41
